• Je n'ai pas de combat, mais quand même...

    Quand je prends la peine d’y penser, je crois que j’ai toujours eu ça en moi, mais un peu enfoui. Latent. Comme une maladie qui ne s’est pas encore déclarée.

    J’ai toujours aimé me rendre utile. Être celle qui trouve la solution. Celle qui partage son goûter. 

     

    On trouve ce genre de personne un peu partout.

    Ce genre de personne qui veut être sur tous les fronts, qui veut aider les grand-mères à traverser même si elles ont rien demandé. MAIS SI, madame, je vous dis que je peux vous aider à traverser. Je vous aide, chut, ne dites rien. Je vous prends le bras, n’ayez pas peur, non, non, non. Ne dites rien. Pas même merci, parce qu’en fin de compte, ça n’est pas pour la reconnaissance.

    C’est plus personnel que ça.  

    Ce genre de personnes, comme moi donc, on les retrouve aux associations de parents d’élèves, au conseil syndical, élus aux comités d’entreprise, on les trouve aux formation de sauveteurs secouristes, ce sont eux qu’on retrouve à donner les sous qu’ils n’ont pas aux associations caritatives, ou bien à bosser bénévolement pour ces assoc d’ailleurs. On les trouve à tenir les stands à la kermesse ou au Téléthon, et à être responsable des cagnottes pour les départs en retraite de leurs collègues.

    Et avant ça, on les retrouve bien souvent délégués de classe. Ce sont eux qui montent au créneau pour défendre leurs camarades, à batailler pour des encouragements loupés à un demi-point !

    Parce qu’il faut bien commencer quelque part.

    Parce que la graine du soutien social et de la lutte contre l’injustice a bien dû se planter quelque part pour pousser à l’âge adulte comme du chiendent.

    Quand j’avais 17 ans, en BTS, mon prof de français m’appelait la gauchiste. Sans en être forcément fière je n’en avais pas honte non plus. Gauchiste c’est quoi ? Avoir une sensibilité sociale, lutter contre les injustices ? Bah ouais alors, et plutôt deux fois qu’une.

    Mais on ne peut pas être de tous les combats, et la vie nous pousse parfois vers un chemin plutôt qu’un autre.

     

    Moi je n’ai aucun combat. Je suis un mix entre une Miss France et la Suisse.

    La guerre c’est mal, la faim dans le monde pas vraiment bien non plus. Voilà. L’Afrique, les animaux abandonnés sur l’autoroute, l’extinction des dauphins de Chine depuis 2007, le harcèlement à l’école, les sans-abris… Je n’ai pas de combat personnel, j’avoue.

     

    Mais ma vie à moi s’articule autour de mes enfants, et les enfants c’est quand même chouette comme sujet. C’est l’avenir, c’est le monde de demain, ce sont les futurs adultes qui travailleront, penseront, voteront, tout ça.

     

    Quand on a des enfants sans problème (ça n’existe pas en vrai) tout va plutôt bien. Quand on a des enfants qui rentrent dans le moule, la bonne taille, la bonne couleur, la bonne façon de penser, de travailler, de parler, tout va bien. Quand ils ont les dents bien plantées, qu’ils ne louchent pas, qu’ils ont tous leurs membres, tout va bien.

     

    La société n’aime pas la différence.                                           

     

    Et moi je n’aime pas la société qui n’aime pas la différence.

     

    Parce que cette société ne voit pas le combat quotidien de ces enfants, de ces parents, des enseignants, ni même des entreprises qui essayent d’intégrer ces enfants devenus adultes.

     

    Les enfants différents me touchent.

     

    Peut-être que c’est un  miroir et que moi aussi je suis différente ? Mais différente de quoi, en quoi ? Hou la, la, vaste sujet.

     

    C’est déjà bien compliqué de vivre sa vie d’adulte en se sentant un peu à part parfois, alors imaginons ce qui se passe dans le cerveau de ces bébés, de ces enfants, de ces ados qui ne comprennent pas toujours les codes, de ce qu’il faut faire, ne pas faire, ce qui est convenable ou non. Certaines choses ne se font pas ici, mais se font ailleurs. Manger avec les mains, vivre nu, grimper aux arbres, manger du chien. Comment comprendre ce qui est bien de ce qui est mal ? C'est parfois compliqué à démêler.

    Mon combat à moi c’est ça.

    Non pas lutter contre les différences. Allons. Les différences existent, on n’y pourra jamais rien et c’est très bien.

     

    Mais lutter contre le déni de ces différences. Lutter contre les regards baissés, contre les dos tournés, contre les désolés la place est déjà pourvue, contre les sourires gênés, ou les anniversaires auxquels nos enfants ne sont jamais conviés.

     

    Le mal que ça peut faire d’entendre les mamans lever les yeux au ciel en soupirant et en plaisantant que décidément leurs enfants ont une vie sociale débordante et que c’est la 4e invitation ce mois-ci. Et que le nôtre à coté, là, juste là, mais manifestement invisible, n’a reçu aucune invitation ce mois-ci. Ni le mois dernier, ni même l’année dernière.

     

    Le cœur brisé d’une maman tient à peu de chose.

     

    Alors mon combat à moi c’est ça. Essayer de rendre la vie de ces enfants, et de ces parents, par la même occasion, un peu moins dure à supporter. Les petits détails sont toujours les plus difficiles à supporter.

                                                           

     

    Un enfant c’est un esprit en pleine construction.

     

    J’ai envie qu’ils se construisent sereinement. Qu’ils ne se forcent pas à être ce qu’ils ne sont pas. On a le droit de ne pas aimer s’exprimer en public. On a le droit de ne pas sourire si on en a pas envie. On a le droit de vouloir tenir la main de sa mère jusqu’à 12 ans si on en ressent le besoin. On a le droit de boiter ou de bégayer. On a le droit d’être roux et de s’en foutre.

     

    On a le droit de marcher à 9 mois, ou à 15. Ou à 22. On a le droit d’être maigre, ou dodu. On a le droit de ne pas vouloir faire d’études. D’aimer écouter de la musique tout seul dans son coin sans passer pour un associal. De pas aimer le sport, ni les frites. D’aimer le bleu et le noir si on est une fille.

    De vouloir être pilote d’avion plutôt qu’hôtesse de l’air sans que ça ait l’air révolutionnaire.

     

    On a aussi le droit de ne pas connaitre les œuvres de Victor Hugo sans passer pour un inculte. On ne cesse jamais d’apprendre jusqu’au jour de notre mort. On peut lire Victor Hugo à 50 ans. Ou après, ou jamais. On aura fait d’autres choses, et c’est comme ça.

     

    On peut tout à fait avouer à ses collègues qu’on ne mange pas de légumes, personne n’y verra à redire, alors qu’un enfant, ouuuuh c’est mal. Les parents sont de mauvais parents

     

    Ma foi, si on a un enfant en bonne santé, qui mange à sa faim, qu’il a un toit au-dessus de la tête, on a (à mon avis) déjà fait une bonne part du boulot. Le reste, ce sont des cerises confites sur le gâteau

     

    5 fruits et légumes par jour, pas trop de sucre, pas trop de gluten, pas trop d’écran, télé, ordi, tablette, smartphone, consoles, pas trop de féculents, savoir lire à 6 ans, et ne plus faire de fautes à 8 ans.

    Ne pas avoir les cheveux dans les yeux, pas de vernis pour les fillettes, pas de jupes trop courtes, pas d’oreilles percées pour les garçons. Pas de mèches dans les cheveux à 12 ans.

    Leur faire faire du ski l’hiver et de la plage l’été. Ne pas être trop pale, mais pas trop bronzé non plus, c’est mauvais pour la peau. Un chapeau de soleil et un t-shirt obligatoire, sinon on est de mauvais parents. Un gouter à quatre heures mais pas n’importe quoi.

     

    Ne pas rentrer trop tard du travail, ne pas laisser la nounou ou les grands-parents élever nos enfants. Ne pas être mère au foyer non plus. Avoir une vie sociale. Mais pas trop.

     

    Ne pas laisser les enfants dessiner au feutre sur leurs vêtements.

     

    Ne pas laisser les enfants pleurer, mais attention, ne pas les prendre dans les bras pour les bercer non plus, pour ne pas leur donner de mauvaises habitudes. 

    Ne pas faire de cododo. Ne pas forcer à aller au pot. Ne pas leur laisser de tétine en journée, ça déforme le palais.  

    Ne pas coucher les enfants à 22h sinon on est de mauvais parents.

     

    Tous les enfants sont différents, tous les parents aussi.  Ma foi, chacun fait bien comme il peut.

     

    J’aime les enfants, et pas que les miens. J’aime bien parler avec eux. Les entendre raconter leur vie, avec leurs mots. Les voir s’appliquer en écrivant une lettre au Père Noël, ou commenter l’actualité quand ils essayent de la comprendre. Les aider à comprendre ou à effectuer ce qu’ils n’arrivent pas à faire tous seuls. Entendre les roulis de leurs cerveaux.

     

    J’adore faire les sorties scolaires. J’aurai adoré être assistante maternelle ou enseignante si ça n’était pas si mal payé. Ou travailler dans une crèche. Ou Auxiliaire de vie scolaire. Mais là encore c’est payé à coup de pied au cul (et c'est bien injuste pour tout le monde).  

     

    Alors en attendant, je m’occupe de mes enfants à moi, de leurs besoins particuliers, j’essaye de faire au mieux pour qu’ils soient autonomes quand je ne serai plus là. Qu’ils deviennent des adultes réfléchis et pas des sales cons. Il y a des sales cons partout, et déjà dans les cours d’école. Ils sont partoooouut comme disait l’autre dingo.

     

    J’ai envie qu’ils aient autant de respect pour leurs amis garçons que filles, qu’ils sachent s‘occuper de leur foyer, qu’ils sachent planter un clou, passer l’aspirateur et faire les devoirs avec leurs propres enfants.

     

    Qu’ils soient ouverts d’esprit, tolérants et solidaires. Qu’ils luttent pour leurs droits, et ceux de leurs copains d’ici ou d’ailleurs.

     

    J’ai envie qu’ils comprennent que la Terre ne leur appartient pas. Que nous sommes de passage, qu’elle existait bien avant nous, et qu’elle n’a pas besoin de nous. Qu’on nait tous par hasard quelque part, et que nous n’avons pas tous les mêmes chances dans la vie.

    Qu’on n’a pas à décider de construire un mur, que ce soit à Berlin ou au Mexique, parce qu’on n’est personne, on n’est rien, qu’on ne vaut ni mieux ni moins bien que les autres. Que nous devons protéger ceux qui ne peuvent pas se protéger tous seuls, les plus faibles, les enfants, les animaux, la nature parfois. 

     

    En fait, à la réflexion, j’aurai dû être Pasteur peut-être. Beau métier que Pasteur, non ? 

     

     

    Allez, pour vous éclairer, voici  quelques liens qui peuvent être fort intéressants. 

     

    http://www.potentialdys.org/index.php/en/enfants-atypiques

    Ce site nous rappelle d’ailleurs que dans sa dernière circulaire du 8 août 2016, l'Éducation Nationale rappelle aux enseignants que "Le droit à l'éducation pour tous les enfants, qu'ils soient ou non en situation de handicap, est un droit fondamental. Ce droit impose au système éducatif de s'adapter aux besoins éducatifs particuliers des élèves." 

     

    https://www.fondation-fondamental.org/les-maladies-mentales/autisme-de-haut-niveau/la-maladie  

     

    https://www.enfantsprecoces.info/les-signes-caracteristiques-chez-lenfant-precoce/  

     

    https://www.passeportsante.net/fr/Maux/Problemes/Fiche.aspx?doc=trouble_deficit_attention_hyperactivite_pm

     

     


    Merci de m'avoir lue, bonne journée à tous

     


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  • Commentaires

    1
    Maria
    Mardi 15 Janvier 2019 à 20:53
    Tú es tellement touchante et juste...tu m'a bien émue ce soir. Merci mon amie ❤️
      • Morgane
        Mardi 15 Janvier 2019 à 21:55
        Merci Maria
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